Историки Французской революции | страница 75



l’article de Mathiez Choses de Russie Soviétique, publié dans les Annales historiques de la Révolution française, dans lequel il a inséré la lettre des historiens soviétiques et la pétition de ses collngues français adressée au gouvernement soviétique en défense de Tarlé[483].

Dans la préface à cette publication, Dounaïevski dresse en bref le tableau de la situation politique en URSS au tournant des années vingt-trente, qui fut la cause du brusque changement d’attitude de Mathiez à l’égard de l’URSS et des historiens soviétiques. En dépit de sa critique réservée à l’adresse des historiens soviétiques qui avaient pris part à cette polémique, Dounaïevski caractérise leur action contre Mathiez de «croisade» et il remarque que le chercheur français avait eu raison de souligner la victoire du dogmatisme dans la science historique soviétique. Quant aux motifs dominants adoptés par les historiens soviétiques lors de cette polémique, Dounaïevski mentionne leurs convictions personnelles, mais aussi le dogmatisme et le conformisme propres à la réalité soviétique de cette époque[484]. Les observations que formulent Alexandre Gordon sont également trns intéressantes; il attire notre attention sur le caractère exclusivement politique de cette discussion, qui n’avait absolument rien de commun avec la science historique. Il met en évidence non seulement l’objectivité de Mathiez mais aussi sa compréhension des particularités fondamentales de la science historique soviétique, celles de son idéologisation et de son désir profond d’être intégrée dans le système du pouvoir étatique[485].

James Friguglietti avait raison de considérer la querelle entre Mathiez et Aulard comme une confrontation entre l’école «officielle», qui soutenait la troisième République, et la nouvelle école à tendance socialiste de Mathiez. «Finalement, Albert Mathiez et ses successeurs à la Société des études robespierristes triomphèrent» écrit-il[486]. Dans le cas de la polémique de Mathiez avec ses confrères soviétiques, on doit souligner finalement l’éclatante victoire qu’il avait remportée. Le temps s’est prononcé en faveur de Mathiez, ayant prédit en 1930 qu’on ne pouvait jamais étouffer la vérité, et que celle-ci ne tarderait pas à émerger ultérieurement, mrme en Russie. Et il n’a d’ailleurs pas hésité à annoncer qu’elle pourrait se venger de lui[487]. La vérité s’est vengée, mais de ses opposants soviétiques.