Историки Французской революции | страница 73
il y a placé une rubrique à la mémoire de Mathiez à l’occasion du 50>e anniversaire de son décris, onjil a publié sa lettre inédite à Jean Longuet et les souvenirs de Jacques Godechot sur lui[472]. Il y a lieu aussi de rappeler qu’il a inséré la photo de Mathiez dans son livre sur les historiens français[473]. En 1979, quand le manuscrit de ce livre était déjà prêt pour la publication, il m’a montré dans le métro de Moscou quelques photos des historiens français, celles de Lucien Febvre, de Marc Bloch, de Georges Lefebvre, d’Albert Soboul, de Fernand Braudel, qu’il allait y publier. Je lui ai demandé s’il n’avait pas l’intention d’y insé rer aussi la photo de Mathiez. Acceptant immédiatement ma proposition, Daline m’a remercié, ce qui prouve son sincrire et immense respect pour lui.
Il me faut remarquer aussi un autre fait qui prouve irréfutablement son attitude respectueuse. Si Manfred a jadis, à l’époque stalinienne, qualifié Mathiez dans son livre sur la Révolution française d’«historien bourgeois radical»[474], ce qui a suscité l’indignation et la critique de Jean Dautry[475](qui se référait à la traduction française de ce livre[476]), Daline, aprns la mort prématurée de Manfred, en charge de la réédition de ce livre, a remplacé cette définition par celle d’un «historien démocrate»[477].
Il faut aussi avouer honnêtement que lors de nos multiples et différentes conversations de 1978 à 1985, Daline ne s’est jamais permis de parler de cette polémique ni même d’y faire la moindre allusion. C’est l’ l’une des pages les plus tristes de sa biographie qu’il a préféré entièrement omettre, même dans son livre sur les historiens de la France. Une fois seulement, au mois de juillet 1983, Daline m’a dit avec une grande douleur qu’il partageait jadis la position négative de Loukine envers Tarlé[478]. Je ne doute pas qu’il regrettait profondément aussi sa participation à la campagne contre Mathiez.
Le silence absolu de mes pré décesseurs aurait pu être influencé par leur manque de volonté de critiquer les vues des participants sovié tiques à cette polémique. Même ceux d’entre eux qui ont travaillé sur la carrière scientifique de quelques-uns des opposants de Mathiez ont préféré passer sous silence ce désagréable épisode de leur activité?. Beaucoup d’entre eux, en dépit des degrés différents d’implication dans cette affaire, ont été quelques années plus tard victimes des répressions staliniennes. On a fusillé Friedland en 1937; Loukine a été arrêté en 1938 et mort en prison en 1940; Daline, Starosselski, Lotté ont été envoyés en Sibérie au cours des mêmes années. En outre, il est bien évident que les historiens soviétiques de l’époque post-stalinienne comprenaient très bien que la sévère critique des vues de Mathiez par leurs pré déces-seurs, et encore plus les accusations politiques injustifié es dont ceux-ci l’avaient chargé, n’avaient pas résisté à l’épreuve du temps.