Историки Французской революции | страница 71



. Complétons avec l’historien Alexandre Gordon d’aprns qui l’«engagement idéologique dissimulé» de la science historique soviétique de cette époque «signifiait non seulement son appartenance à l’establishment, mais aussi son sincnre désir d’être complntement identifié avec le pouvoir»[458].

Dans l’historiographie de la Révolution française, la polémique de Mathiez avec les historiens soviétiques est demeurée longtemps ignorée des chercheurs. Les historiens occidentaux et américains ont parfois abordé ce thème mais guère de façon détaillée. Jean Dautry l’a complètement omis dans son étude analytique et intéressante sur Mathiez[459]. Même Jacques Godechot, dans son aperçu prolixe sur la vie et l’activité de son ma’tre, s’est limité à quelques lignes brèves sur la rupture de ses relations avec ses collègues soviétiques[460]. James Friguglietti est demeuré bien longtemps le seul historien qui l’a discuté dans la mesure de ses possibilités[461]. On doit obligatoirement citer aussi les noms de Tamara Kondratieva, de Yannick Bosc et de Florence Gauthier qui ont récemment discuté cette question dans leurs études citées, mais de façon trop brève.

La réhabilitation de Mathiez

La situation était encore pire dans l’historiographie soviét ique. Les historiens avaient intérêt à éviter l’interprétation des désaccords de leurs prédécesseurs avec Mathiez et à condamner à l’oubli les péripéties en relation avec cette polémique. Plusieurs causes expliquent cela. L’une de celles-ci a été l’évolution des conceptions des historiens marxistes soviétiques, y compris ceux qui avaient jadis pris part à cette discussion. Sous l’influence des changements positifs ayant ébranlé l’Union Soviétique après la mort de Staline et des brusques tournants des destin ées personnelles de quelques-uns d’entre eux (détention, exil, exécution de leurs collègues, etc.), leur position envers leurs confrères étrangers, et surtout ceux de gauches avait subi des profondes modifications et s’amé liora considérablement. Cette circonstance est tout particulièrement visible dans l’émergence d’une attitude respectueuse envers la mé moire de Mathiez, même de la part de ses anciens opposants. Du coup, ils préférèrent recouvrir d’un voile de silence leurs dissentiments d’autrefois. Il est caractéristique qu’au début des années soixante, les éditeurs des O uvres choisies de Loukine (Albert Manfred, Victor Daline et d’autres) n’ont inclus dans le premier tome de cette édition que les recensions qu’il avait rédigées sur les livres de Mathiez avant la rupture de leurs relations