Историки Французской революции | страница 70



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La critique de Mathiez était donc principalement dirigée contre la politisation de la science historique marxiste. En traitant les historiens soviétiques d’«instruments dans la main du gouvernement»[449], il qualifiait les participants soviétiques de cette polémique d’«historiens de Staline», de «prophètes» de Staline, leur dieu, privés de la possibilité de voir la vérité[450]. Or, ceux-ci, persuadés que le marxisme était «la seule méthode qui garantissait l’authenticité de l’étude scientifique des événements de la fin du XVIII>e sincle»[451], acceptèrent avec joie les appréciations de Mathiez, qui étaient même, d’aprns leur mentalité, plus que flatteuses. Donc, constatant le soi-disant «cas» politique et scientifique de Mathiez, Friedland lui a exprimé d’ailleurs sa gratitude pour ces jugements avancés, qui selon ses convictions n’étaient que des compliments: «En nous qualifiant “d’historiens staliniens’à [sic], il constate en vertu de cela, que nos études historiques servent la cause de la ligne générale du parti»>1. Loukine partageait complntement sa position: «Notre science marxiste se trouve “au service’à du prolétariat et du Parti Communiste et nous en sommes fiers»[452]>[453]. Autrement dit, Mathiez avait tous les droits de se moquer des chercheurs soviétiques qui, ferrés par les «cha’hes» de l’idéologie marxiste, d’aprns ses propres propos, se glorifiaient de leur «servitude», en agitant leurs «cha’hes en signe de triomphe»[454].

Quelle science historique «marxiste»?

Mathiez ne doutait pas que la science historique soviétique était devenue entinrement un instrument aux ordres du pouvoir. Je me permets de rappeler l’une de ses réflexions, relative au statut de la science historique: «Rien ne montre mieux qu’à l’heure actuelle, dans ce pays, l’histoire trop souvent a cessé d’être indépendante et subit docilement la pression toute puissante de la politique qui lui impose ses concepts, ses préoccupations, ses mots d’ordre et jusqu’à ses conclusions»[455]. D’ailleurs Loukine la qualifia de «la plus effroyable» parmi les autres accusations avancées par lui[456]. Comprenant bien les inévitables suites tragiques d’une telle situation pour le développement de la science historique en URSS, Mathiez relnve avec douleur: «Dans la Russie de Staline, il n’y a plus de place pour une science indépendante, pour une science libre et désintéressée, pour une science tout court. L’histoire notamment n’est plus qu’une branche de la propagande»