Réflexions ou sentences et maximes morales | страница 9
Nous choisissons souvent des louanges empoisonnées qui font voir par contrecoup en ceux que nous louons des défauts que nous n’osons découvrir d’une autre sorte.
On ne loue d’ordinaire que pour être loué.
Peu de gens sont assez sages pour préférer le blâme qui leur est utile à la louange qui les trahit.
Il y a des reproches qui louent, et des louanges qui médisent.
Le refus des louanges est un désir d’être loué deux fois.
Le désir de mériter les louanges qu’on nous donne fortifie notre vertu; et celles que l’on donne à l’esprit, à la valeur, et à la beauté contribuent à les augmenter.
Il est plus difficile de s’empêcher d’être gouverné que de gouverner les autres.
Si nous ne nous flattions point nous-mêmes, la flatterie des autres ne nous pourrait nuire.
La nature fait le mérite, et la fortune le met en œuvre.
La fortune nous corrige de plusieurs défauts que la raison ne saurait corriger.
Il y a des gens dégoûtants avec du mérite, et d’autres qui plaisent avec des défauts.
Il y a des gens dont tout le mérite consiste à dire et à faire des sottises utilement, et qui gâteraient tout s’ils changeaient de conduite.
La gloire des grands hommes se doit toujours mesurer aux moyens dont ils se sont servis pour l’acquérir.
La flatterie est une fausse monnaie qui n’a de cours que par notre vanité.
Ce n’est pas assez d’avoir de grandes qualités; il en faut avoir l’économie.
Quelque éclatante que soit une action, elle ne doit pas passer pour grande lorsqu’elle n’est pas l’effet d’un grand dessein.
Il doit y avoir une certaine proportion entre les actions et les desseins si on en veut tirer tous les effets qu’elles peuvent produire.
L’art de savoir bien mettre en œuvre de médiocres qualités dérobe l’estime et donne souvent plus de réputation que le véritable mérite.
Il y a une infinité de conduites qui paraissent ridicules, et dont les raisons cachées sont très sages et très solides.
Il est plus facile de paraître digne des emplois qu’on n’a pas que de ceux que l’on exerce.
Notre mérite nous attire l’estime des honnêtes gens, et notre étoile celle du public.
Le monde récompense plus souvent les apparences du mérite que le mérite même.
L’avarice est plus opposée à l’économie que la libéralité.
L’espérance, toute trompeuse qu’elle est, sert au moins à nous mener à la fin de la vie par un chemin agréable.
Pendant que la paresse et la timidité nous retiennent dans notre devoir, notre vertu en a souvent tout l’honneur.