Réflexions ou sentences et maximes morales | страница 8
Le vrai moyen d’être trompé, c’est de se croire plus fin que les autres.
La trop grande subtilité est une fausse délicatesse, et la véritable délicatesse est une solide subtilité.
Il suffit quelquefois d’être grossier pour n’être pas trompé par un habile homme.
La faiblesse est le seul défaut que l’on ne saurait corriger.
Le moindre défaut des femmes qui se sont abandonnées à faire l’amour, c’est de faire l’amour.
Il est plus aisé d’être sage pour les autres que de l’être pour soi-même.
Les seules bonnes copies sont celles qui nous font voir le ridicule des méchants originaux.
On n’est jamais si ridicule par les qualités que l’on a que par celles que l’on affecte d’avoir.
On est quelquefois aussi différent de soi-même que des autres.
Il y a des gens qui n’auraient jamais été amoureux s’ils n’avaient jamais entendu parler de l’amour.
On parle peu quand la vanité ne fait pas parler.
On aime mieux dire du mal de soi-même que de n’en point parler.
Une des choses qui fait que l’on trouve si peu de gens qui paraissent raisonnables et agréables dans la conversation, c’est qu’il n’y a presque personne qui ne pense plutôt à ce qu’il veut dire qu’à répondre précisément à ce qu’on lui dit. Les plus habiles et les plus complaisants se contentent de montrer seulement une mine attentive, au même temps que l’on voit dans leurs yeux et dans leur esprit un égarement pour ce qu’on leur dit, et une précipitation pour retourner à ce qu’ils veulent dire; au lieu de considérer que c’est un mauvais moyen de plaire aux autres ou de les persuader, que de chercher si fort à se plaire à soi-même, et que bien écouter et bien répondre est une des plus grandes perfections qu’on puisse avoir dans la conversation.
Un homme d’esprit serait souvent bien embarrassé sans la compagnie des sots.
Nous nous vantons souvent de ne nous point ennuyer; et nous sommes si glorieux que nous ne voulons pas nous trouver de mauvaise compagnie.
Comme c’est le caractère des grands esprits de faire entendre en peu de paroles beaucoup de choses, les petits esprits au contraire ont le don de beaucoup parler, et de ne rien dire.
C’est plutôt par l’estime de nos propres sentiments que nous exagérons les bonnes qualités des autres, que par l’estime de leur mérite; et nous voulons nous attirer des louanges, lorsqu’il semble que nous leur en donnons.
On n’aime point à louer, et on ne loue jamais personne sans intérêt. La louange est une flatterie habile, cachée, et délicate, qui satisfait différemment celui qui la donne, et celui qui la reçoit. L’un la prend comme une récompense de son mérite; l’autre la donne pour faire remarquer son équité et son discernement.