Réflexions ou sentences et maximes morales | страница 36
2. Maximes fournies par des lettres
On ne donne des louanges que pour en profiter.
Les passions ne sont que les divers goûts de l’amour propre.
L’extrême ennui sert à nous désennuyer.
On loue et on blâme la plupart des choses parce que c’est la mode de les louer ou de les blâmer.
Il n’est jamais plus difficile de bien parler que lorsqu’on ne parle que de peur de se taire.
3. Maximes fournies par l’édition hollandaise de 1664
Si on avait ôté à ce qu’on appelle force le désir de conserver, et la crainte de perdre, il ne lui resterait pas grand’chose.
La familiarité est un relâchement presque de toutes les règles de la vie civile, que le libertinage a introduit dans la société pour nous faire parvenir à celle qu’on appelle commode. C’est un effet de l’amour-propre qui, voulant tout accommoder à notre faiblesse, nous soustrait à l’honnête sujétion que nous imposent les bonnes mœurs et, pour chercher trop les moyens de nous les rendre commodes, le fait dégénérer en vices. Les femmes, ayant naturellement plus de mollesse que les hommes, tombent plutôt dans ce relâchement, et y perdent davantage: l’autorité du sexe ne se maintient pas, le respect qu’on lui doit diminue, et l’on peut dire que l’honnête y perd la plus grande partie de ses droits.
La raillerie est une gaieté agréable de l’esprit, qui enjoue la conversation, et qui lie la société si elle est obligeante, ou qui la trouble si elle ne l’est pas. Elle est plus pour celui qui la fait que pour celui qui la souffre. C’est toujours un combat de bel esprit, que produit la vanité; d’où vient que ceux qui en manquent pour la soutenir, et ceux qu’un défaut reproché fait rougir, s’en offensent également, comme d’une défaite injurieuse qu’ils ne sauraient pardonner. C’est un poison qui tout pur éteint l’amitié et excite la haine, mais qui corrigé par l’agrément de l’esprit, et la flatterie de la louange, l’acquiert ou la conserve; et il en faut user sobrement avec ses amis et avec les faibles.
4. Maximes fournies par le supplément de l’édition de 1693
Force gens veulent être dévots, mais personne ne veut être humble.
Le travail du corps délivre des peines de l’esprit, et c’est ce qui rend les pauvres heureux.
Les véritables mortifications sont celles qui ne sont point connues; la vanité rend les autres faciles.
L’humilité est l’autel sur lequel Dieu veut qu’on lui offre des sacrifices.
Il faut peu de choses pour rendre le sage heureux; rien ne peut rendre un fol content; c’est pourquoi presque tous les hommes sont misérables.