Réflexions ou sentences et maximes morales | страница 37
Nous nous tourmentons moins pour devenir heureux que pour faire croire que nous le sommes.
Il est bien plus aisé d’éteindre un premier désir que de satisfaire tous ceux qui le suivent.
La sagesse est à l’âme ce que la santé est pour le corps.
Les grands de la terre ne pouvant donner la santé du corps ni le repos d’esprit, on achète toujours trop cher tous les biens qu’ils peuvent faire.
Avant que de désirer fortement une chose, il faut examiner quel est le bonheur de celui qui la possède.
Un véritable ami est le plus grand de tous les biens et celui de tous qu’on songe le moins à acquérir.
Les amants ne voient les défauts de leurs maîtresses que lorsque leur enchantement est fini.
La prudence et l’amour ne sont pas faits l’un pour l’autre: à mesure que l’amour croît, la prudence diminue.
Il est quelquefois agréable à un mari d’avoir une femme jalouse: il entend toujours parler de ce qu’il aime.
Qu’une femme est à plaindre, quand elle a tout ensemble de l’amour et de la vertu!
Le sage trouve mieux son compte à ne point s’engager qu’à vaincre.
Il est plus nécessaire d’étudier les hommes que les livres.
Le bonheur ou le malheur vont d’ordinaire à ceux qui ont le plus de l’un ou de l’autre.
On ne se blâme que pour être loué.
Il n’est rien de plus naturel ni de plus trompeur que de croire qu’on est aimé.
Nous aimons mieux voir ceux à qui nous faisons du bien que ceux qui nous en font.
Il est plus difficile de dissimuler les sentiments que l’on a que de feindre ceux que l’on n’a pas.
Les amitiés renouées demandent plus de soins que celles qui n’ont jamais été rompues.
Un homme à qui personne ne plaît est bien plus malheureux que celui qui ne plaît à personne.
5. Maximes fournies par des témoignages de contemporains
L’enfer des femmes, c’est la vieillesse.
Les soumissions et les bassesses que les seigneurs de la Cour font auprès des ministres qui ne sont pas de leur rang sont des lâchetés de gens de cœur.
L’honnêteté [n’est] d’aucun état en particulier, mais de tous les états en général.
Réflexions diverses
I. Du vrai
Le vrai, dans quelque sujet qu’il se trouve, ne peut être effacé par aucune comparaison d’un autre vrai, et quelque différence qui puisse être entre deux sujets, ce qui est vrai dans l’un n’efface point ce qui est vrai dans l’autre: ils peuvent avoir plus ou moins d’étendue et être plus ou moins éclatants, mais ils sont toujours égaux par leur vérité, qui n’est pas plus vérité dans le plus grand que dans le plus petit. L’art de la guerre est plus étendu, plus noble et plus brillant que celui de la poésie; mais le poète et le conquérant sont comparables l’un à l’autre; comme aussi, en tant qu’ils sont véritablement ce qu’ils sont, le législateur et le peintre, etc.