Том 4. Письма, 1820-1849 | страница 33



si fort au-dessus de tous les poètes français contemporains…

Mais pour en revenir à mes rimes, puisque c’est votre bien, vous en ferez tel usage qu’il vous plaira, sans exception ou réserve quelconque…>* Ce que je vous ai envoyé là n’est qu’une parcelle minime du tas que le temps avait amassé. Mais le sort ou plutôt un je ne sais quoi de providentiel en a fait justice. A mon retour de la Grèce>*, m’étant mis entre chien et loup à trier des papiers, j’ai mis au néant la majeure partie de mes élucubrations poétiques, et ce n’est que beaucoup plus tard que je m’en suis aperçu. J’en ai été quelque peu contrarié dans le premier moment, mais je ne tardai pas à m’en consoler, en pensant à l’incendie de la Bibliothèque d’Alexandrie. — Il y avait là entr’autres tout le 1>er acte de la seconde partie de Faust, traduit. C’est peut-être ce qu’il y avait de mieux.

Toutefois si vous persistez dans vos idées de publication, adressez-vous à Раич qui est à Moscou, pour qu’il vous communique tout ce que je lui ai envoyé dans le temps, et dont il a inséré une partie dans un journal passablement niais qu’il faisait paraître sous le titre de Бабочка>*

Mais en voilà assez sur ce sujet… Vos détails sur notre belle Esther et son Mardochée m’ont fait grand plaisir…>* Lui doit nécessairement faire un effet très comique pour quelqu’un qui, le connaissant comme vous le connaissez, se trouve à même de l’observer dans sa nouvelle position. Que de mal il se donnera en pure perte! Que de choses laborieusement chiffrées, et qu’il pourrait faire insérer impunément dans la Gazette de St-Pétersb. Mais j’espère que toute cette dépense de finesse et de circonspection ne réussira pas à le compromettre. Au besoin il a d’ailleurs le naturel, l’adorable naturel de sa femme, pour le protéger contre les effets de sa prudence. Ses amis (s’il en avait) ne pourraient lui adresser assez souvent les mêmes exhortations qu’on vous fait, lorsque vous voyagez dans les montagnes sur ces petits chevaux montagnards qui ont le pied si sûr et si intelligent. Je meurs d’envie de lui écrire, à Mad. Amélie s’entend, mais une bête de raison m’en empêche. Je lui ai demandé un service, et maintenant ma lettre aurait l’air de vouloir le lui rappeler. Ah, quelle misère! Qu’il faut être dans le besoin, pour se gâter ainsi l’amitié. C’est comme si on n’avait d’autre moyen de couvrir sa nudité qu’en se faisant une culotte d’une toile de Raphaël… Et cependant, de tout ce que je connais d’êtres humains au monde, elle est sans contredit la personne dont j’éprouverais le moins de répugnance à me savoir l’obligé…