Том 4. Письма, 1820-1849 | страница 20
Il y a des aveux auxquels la rigueur même des circonstances ne saurait nous contraindre, si la noblesse d’âme de celui qui les reçoit ne venait à notre secours. C’est de cette nature que sont les considérations que j’ai à faire valoir en ce moment.
Bien que destiné à avoir, un jour, une fortune indépendante, je me trouve, depuis des années, réduit à la triste nécessité de vivre du service. La modicité de cette ressource, hors de toute proposition avec la dépense à laquelle me condamne la position sociale où je me trouve placé, m’a forcément imposé des engagements que le temps seul peut me mettre à même de remplir. C’est déjà là un premier lien qui me retient à Munich. Un déplacement, même avantageux sous le rapport du service, même accompagné d’un avancement, m’obligerait nécessairement à des dépenses nouvelles, qui, s’ajoutant aux anciennes, pourraient à tel point accroître les embarras de cette position, que la faveur que Votre Excellence croirait m’avoir accordée, en deviendrait illusoire par l’impossibilité matérielle où je me trouverais d’en profiter.
Or j’ai eu l’honneur de vous dire, Monsieur le Comte, que j’avais besoin du service pour vivre. J’insisterais beaucoup moins sur cette considération, je vous assure, si j’étais seul… mais j’ai une femme et deux enfants>*. Certes, personne ne saurait être plus persuadé que je ne le suis que dans une position précaire et subalterne, comme la mienne, le mariage est la plus impardonnable des imprudences. Je le sais, puisqu’il y a 7 ans que je l’expie>*. Mais je serais profondément malheureux, je l’avoue, si l’expiation de ce tort s’étendait à trois êtres qui en sont parfaitement innocents.
D’ailleurs, s’il y a un pays où je puisse me flatter d’être de quelque utilité pour le service, c’est assurément celui-ci. La connaissance très particulière des hommes et des choses que le long séjour que j’y ai fait, m’a mis à même d’acquérir, des études suivies et sérieuses faites plus encore par goût que par devoir, sur l’état social et politique de l’Allemagne, et surtout de cette partie de l’Allemagne, sur sa langue, son histoire, sa littérature, toutes ces raisons réunies me donnent quelque droit d’espérer, qu’ici du moins, je pourrai justifier, jusqu’à un certain degré, la faveur que je sollicite… Et qu’il me soit permis d’ajouter, en finissant, que si cette faveur n’était qu’une question de service et d’avancement, je ne pourrais pas m’empêcher d’éprouver de l’inquiétude. Mais c’est une question d’existence. C’est vous, Monsieur le Comte, qui êtes appelé à en décider