Историки Французской революции | страница 62



. Il me semble intéressant de me référer à ce propos au témoignage de Louis Gattschakl, son collègue américain: «J’ai fini par me rendre compte qu’il y avait deux Mathiez. L’un était le gentleman bienveillant qui prenait plaisir à une agréable conversation et à la bonne chère et qui se donnait une peine infinie pour Ktre utile aux gens qui avaient besoin d’aide. L’autre était l’érudit vigoureux, véhément, incapable de tolérer une sottise ou ce qu’il regardait comme sottise»[386]. Autrement dit, Claudine Hérody-Pierre avait certainement raison de l’avoir qualifié d’un «professeur autant ha* que vénéré»[387]. Aussi, ce n’est pas étonnant que sa vie ait été semée d’embûches car sa personnalité extraordinaire irritait toutes les médiocrités qui se trouvaient dans son entourage. On ne l’invita à la Sorbonne qu’en 1926, après le départ de Philippe Sagnac pour l’/gypte.

Les contacts entre Mathiez et l’URSS

/prouvant de sincères sympathies pour les idées socialistes, Mathiez accepta avec joie la Révolution de Février en Russie, et la Société des études robespierristes salua «avec enthousiasme la victoire de la Douma russe contre le despotisme»[388]. Il approuva aussi la Révolution d’Octobre et adhéra en 1920 au Parti communiste français. Dans ces conditions, Mathiez fit beaucoup pour établir des relations amicales avec ses coll è-gues soviétiques, y compris les grands historiens russes non marxistes comme Eugène Tarlé et Nikola* Kareiev[389]. Il faut absolument noter que Mathiez n’était pas une exception dans ce domaine, et s’inscrivait dans une longue tradition. Mentionnons les noms de ses collègues français, tels Gabriel Monod et Henri Sée, qui avant et après lui, s’adressaient constamment à Kareiev en lui demandant de collaborer aux éditions scientifiques françaises. La lettre de Monod du 4 février 1907 est caractéristique: «Je viens vous demander si vous ne conna’triez pas un jeune professeur russe, sachant très bien le français, qui pourrait nous fournir tous les deux ans un Bulletin historique d’une vingtaine de pages seulement» sur les «principalespublications soit comme documents, soit comme ouvrages parus en Russie»[390]. En recevant l’«amicale acceptation» de sa proposition de la part de Kareiev lui-même, Monod l’a remercié: «Je suis trop heureux de vous avoir pour collaborateur au Bulletin de la Revue et j’attends avec impatience votre prochaine contribution»