Записки. 1793–1831 | страница 61



— Вы более знать должны Балашова, нежели я; но вы меня компрометируете; я в свое время это ему сам скажу.

— Воля вашего величества будет исполнена.

Я поклонился; государь, улыбаясь, сделал прощальный знак, прибавя:

— Мы скоро увидимся.

VIII

Ровно в 12 часов ночи возвратился я домой, и признаюсь, как будто, отуманенный всем слышанным мной. К чему все это? Не серьезнее ли все, чем я прежде предполагал? Чем этот узел развяжется? И что, и чем я тут? Однако сплетение этих интриг меня пугало. Как против них устоять? «Ну! Пусть будет, что судьбе угодно», — сказал я, и успокоился.

На другой день приехал граф Армфельт прямо из дворца и едва вошел в комнату, как вскричал:

— Qu’avez vous fait, mon cher?

— Moi, m-r le comte?

— Oui, vous.

— Veuillez bien me l’expliquer?

— Sa Majesté vous a manifesté le désir pour que vous fassiez connaissance avec Speransky et que vous surveillez cet autre coquin Balacheff et vous avez osé refuser net!!

— Il faut qu’il y aít un mésentendu, m-r le comte. Un sujet russe ne peut rien refuser à son empereur, mais vu la clémence et la justice de son souverain, il lui est permi d’exposer les raisons qui l’empechent de faire ce que la conscience lui défend.

— D’un seul coup vous avez renversé ce que vos amis et la fortune vous avaient préparé!

— Mais les amis auraient du se convaincre auparavant si j’ai les qualités requises pour remplir des fonctions contraires à mes principes et à ma réligion.

— Ah, mon cher, avec ces bêtises on ne fait pas fortune, mais on la perd!

— Il est à savoir si je ne préferrerai pas cette perte à tous les hochets d’une fortune qui m’avilierait à mes propres yeux.

— Tout ceci est bel et bon dans les romans, mais détestable dans la vie telle, qu’elle est, où le mal remporte sur le bien. Est ce à force de vertus, que Speransky et Balacheff sont devenus ce qu’ils sont? Ecoutez moi tranquillement. L’empereur ne peut vouloir que le bien et pour y parvenir, il faut qu’il sache tout et qu’il connaisse les gens qui l’entourent. Quel autre moyen a-t-il que celui de les surveiller?

— D’accord, je trouve cependaut plus juste de les surveiller avant de les élever si haut et puis chercher les surveillants dans la foule où il en plait, mais ne point proposer ces moyens d’existence à des gens qui ont le courage de vivre pour une idée et de mourir pour un mot.

— Vous êtes incorrigible, pensez-y. Vous avez femme et enfants, et avec ces belles idées vous n’irez pas loin; voyez le resultat, l’empereur ne vous n’appelera plus, et la fortune vous tourne le dos.