Réflexions ou sentences et maximes morales | страница 3
La jalousie se nourrit dans les doutes, et elle devient fureur, ou elle finit, sitôt qu’on passe du doute à la certitude.
L’orgueil se dédommage toujours et ne perd rien lors même qu’il renonce à la vanité
Si nous n’avions point d’orgueil, nous ne nous plaindrions pas de celui des autres.
L’orgueil est égal dans tous les hommes, et il n’y a de différence qu’aux moyens et à la manière de le mettre au jour.
Il semble que la nature, qui a si sagement disposé les organes de notre corps pour nous rendre heureux; nous ait aussi donné l’orgueil pour nous épargner la douleur de connaître nos imperfections.
L’orgueil a plus de part que la bonté aux remontrances que nous faisons à ceux qui commettent des fautes; et nous ne les reprenons pas tant pour les en corriger que pour leur persuader que nous en sommes exempts.
Nous promettons selon nos espérances, et nous tenons selon nos craintes.
L’intérêt parle toutes sortes de langues, et joue toutes sortes de personnages, même celui de désintéressé.
L’intérêt, qui aveugle les uns, fait la lumière des autres.
Ceux qui s’appliquent trop aux petites choses deviennent ordinairement incapables des grandes.
Nous n’avons pas assez de force pour suivre toute notre raison.
L’homme croit souvent se conduire lorsqu’il est conduit; et pendant que par son esprit il tend à un but, son cœur l’entraîne insensiblement à un autre.
La force et la faiblesse de l’esprit sont mal nommées; elles ne sont en effet que la bonne ou la mauvaise disposition des organes du corps.
Le caprice de notre humeur est encore plus bizarre que celui de la fortune.
L’attachement ou l’indifférence que les philosophes avaient pour la vie n’était qu’un goût de leur amour-propre, dont on ne doit non plus disputer que du goût de la langue ou du choix des couleurs.
Notre humeur met le prix à tout ce qui nous vient de la fortune.
La félicité est dans le goût et non pas dans les choses; et c’est par avoir ce qu’on aime qu’on est heureux, et non par avoir ce que les autres trouvent aimable.
On n’est jamais si heureux ni si malheureux qu’on s’imagine.
Ceux qui croient avoir du mérite se font un honneur d’être malheureux, pour persuader aux autres et à eux-mêmes qu’ils sont dignes d’être en butte à la fortune.
Rien ne doit tant diminuer la satisfaction que nous avons de nous-mêmes, que de voir que nous désapprouvons dans un temps ce que nous approuvions dans un autre.