Réflexions ou sentences et maximes morales | страница 23
L’élévation est au mérite ce que la parure est aux belles personnes.
Ce qui se trouve le moins dans la galanterie, c’est de l’amour.
La fortune se sert quelquefois de nos défauts pour nous élever, et il y a des gens incommodes dont le mérite serait mal récompensé si on ne voulait acheter leur absence.
Il semble que la nature ait caché dans le fond de notre esprit des talents et une habileté que nous ne connaissons pas; les passions seules ont le droit de les mettre au jour, et de nous donner quelquefois des vues plus certaines et plus achevées que l’art ne saurait faire.
Nous arrivons tout nouveaux aux divers âges de la vie, et nous y manquons souvent d’expérience malgré le nombre des années.
Les coquettes se font honneur d’être jalouses de leurs amants, pour cacher qu’elles sont envieuses des autres femmes.
Il s’en faut bien que ceux qui s’attrapent à nos finesses ne nous paraissent aussi ridicules que nous nous le paraissons à nous-mêmes quand les finesses des autres nous ont attrapés.
Le plus dangereux ridicule des vieilles personnes qui ont été aimables, c’est d’oublier qu’elles ne le sont plus.
Nous aurions souvent honte de nos plus belles actions si le monde voyait tous les motifs qui les produisent.
Le plus grand effort de l’amitié n’est pas de montrer nos défauts à un ami; c’est de lui faire voir les siens.
On n’a guère de défauts qui ne soient plus pardonnables que les moyens dont on se sert pour les cacher.
Quelque honte que nous ayons méritée, il est presque toujours en notre pouvoir de rétablir notre réputation.
On ne plaît pas longtemps quand on n’a que d’une sorte d’esprit.
Les fous et les sottes gens ne voient que par leur humeur.
L’esprit nous sert quelquefois à faire hardiment des sottises.
La vivacité qui augmente en vieillissant ne va pas loin de la folie.
En amour celui qui est guéri le premier est toujours le mieux guéri.
Les jeunes femmes qui ne veulent point paraître coquettes, et les hommes d’un âge avancé qui ne veulent pas être ridicules, ne doivent jamais parler de l’amour comme d’une chose où ils puissent avoir part.
Nous pouvons paraître grands dans un emploi au-dessous de notre mérite, mais nous paraissons souvent petits dans un emploi plus grand que nous.
Nous croyons souvent avoir de la constance dans les malheurs, lorsque nous n’avons que de l’abattement, et nous les souffrons sans oser les regarder comme les poltrons se laissent tuer de peur de se défendre.