Дневник | страница 48



  L'exces de la civilisation (si on peut s'expliquer ainsi) a produit dans le monde des revolutions que les siecles calmeront difficilement. Apres la mort de Louis 18 roi de France son frere Charles X monta sur le trone. Denue de toute force de caractere, la vie aux mains des Jesuites le roi foible fit le malheur de son pays, le sien propre et de toute la famille. Pendant quatre ans ses sottises, ses inconsequances tantot sa trop grande severite ou sa foiblesse firent fermenter les esprits inquiets et peu calmes apres la restauration. Des personnes qui avaient tout a gagner, rien a perdre s'occuperent sourdement a soulever les esprits contre un gouvernement sans vigueur, sans force. On s'indignait contre les premiers ministres, on demandait leur demission, et le roi abuse par eux et se livrant tout entier a son caractere indecis, les conservait toujours.

  Enfin au mois de juillet 1830 il publia ses fameuses ordonnances, qui deciderent du sort de la France. Le peuple se souleva: et conduit par des meneurs experimentes et depuis longtemps prepares et preparant cette revolte, attaqua le Louvre et les Tuilleries. Le roi etait avec la famille a <...>: au lieu de prendre des mesures decisives, il attendit, puis envoya 7 mille hommes de troupes pour resister a une population effrenee. On peut se douter des suites, elles furent battues, la plus grande partie deserta et le roi se retira a Rambouillier. L'attaque fut conduite avec talent, la defense avec la foiblesse et trahison.

  Le peuple choisit le duc d'Orleans, le meneur secret du complot et l'ennemi de la maison triste et malheureuse des Bourbons, comme le Lieutenant du royaume. Le roi revendiqua les ordonnances, il etait trop tard; il abdiqua pour lui et pour le Dauphin, le duc d'Angouleme et ceda la couronne a son petit fils, le Duc de Bordeau, fils du Duc de Berry assassine a la sortie de l'Opera. Il etait encore trop tard, son abdication etait inutile, le peuple l'avait deja detrone et il n'accepta point le Duc de Bordeaux. La malheureuse famille des Bourbons quitta pour la troisieme fois les belles contrees de France et l'heritage royale de ses peres: elle alla chercher un asile chez son eternelle rivale dans le temps de prosperite et sa delicate protectrice dans l'Infortune: l'Angleterre. Elle se fixa dans le chateau triste de souvenirs et de faits de Holy Rood, et y mene depuis plusieurs mois la triste existence d'une famille dechue. Parmi les personnes qui fideles a leur serment suivirent en emigre la royaute dechue, se trouvaient deux personnes bien cheres a notre famille: les deux freres Damas. Le Baron qui dans la premiere revolution fut envoye a l'age de 10 ans pour etre eleve en Russie et qui s'y distingua dans la suite, dans nos armees victorieuses des annees 14 et 15, apres la restauration quitta notre service et revint se fixer dans son pays, ou il epousa une riche heritiere, tres riche, mais tres laide. Apres sa blessure Pierre fut oblige d'aller en France pour se faire traiter a Marseille, il demeura chez le Baron de Damas dans la suite lorsque ce dernier fut fait ministre des affaires etrangeres. Alexis etait allors en France, a encore demeure chez lui, enfin Damas a ete comme un parent pour nous. C'etait l'annee 25 avant le couronnement que nous avons fait connaissance avec Alfred, comte de Damas, frere du Baron. C'est un homme bien aimable et nous le vimes beaucoup a Peters(bourg) et surtout a Moscou au couronnement. Presque chaque jour il venait chez nous et m'amusait beaucoup. Il etait venu avec la nouvelle ambassade qui venait pour le couronnement de l'Empreur Nicolas. Et aussi, lorsque nous nous acheminions vers Peters(bourg) il prit le chemin de Nijni pour retourner apres en France. Avant de partir je lui fis deux presens: l'un une bague en argent et noire de Circassie, l'autre (par farce) des boucles d'oreille de paysanne Russe. Je le priais aussi de garder ce souvenir et de l'offrir a sa femme quand il se marierait. Nous nous separames et je ne conservais d'Alfred que l'aimable impression qu'il avait laissee sur mon esprit de son caractere franc et gai.