Les Quarante-Cinq. Tome III | страница 69
– Eh ! messieurs, demanda-t-il, qui êtes-vous, s’il vous plaît ?
– Monsieur, nous sommes officiers au régiment de la Marine, et vous gendarmes d’Aunis, à ce qu’il paraît.
– Oui, messieurs, et bien heureux de pouvoir vous être utiles ; n’allez-vous point nous accompagner ?
– Volontiers, messieurs.
– Montez sur les chariots alors, si vous êtes trop fatigués pour nous suivre à pied.
– Puis-je vous demander où vous allez ? fit celui des deux officiers de marine qui n’avait point encore parlé.
– Monsieur, nos ordres sont de pousser jusqu’à Rupelmonde.
– Prenez garde, reprit le même interlocuteur, nous n’avons pas traversé le fleuve plus tôt, parce que, ce matin, un détachement d’Espagnols a passé venant d’Anvers ; au coucher du soleil, nous avons cru pouvoir nous risquer ; deux hommes n’inspirent pas d’inquiétude, mais vous, toute une troupe.
– C’est vrai, dit l’enseigne, je vais appeler notre chef.
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Il appela Henri, qui s’approcha en demandant ce qu’il y avait.
– Il y a, répondit l’enseigne, que ces messieurs ont rencontré ce matin un détachement d’Espagnols qui suivaient le même chemin que nous.
– Et combien étaient-ils ? demanda Henri.
– Une cinquantaine d’hommes.
– Eh bien ! et c’est cela qui vous arrête ?
– Non, monsieur le comte ; mais, cependant, je crois qu’il serait prudent de nous assurer du bateau à tout hasard ; vingt hommes peuvent y tenir, et, s’il y avait urgence de traverser le fleuve, en cinq voyages, et en tirant nos chevaux par la bride, l’opération serait terminée.
– C’est bien, dit Henri, qu’on garde le bateau, il doit y avoir des maisons à l’embranchement du Rupel et de l’Escaut.
– Il y a un village, dit une voix.
– Allons-y, c’est une bonne position que l’angle formé par la jonction de deux rivières. Gendarmes, en marche ! Que deux hommes descendent le fleuve avec le bateau, tandis que nous le côtoierons.
– Nous allons diriger le bateau, dit l’un des deux officiers, si vous le voulez bien.
– Soit, messieurs, dit Henri ; mais ne nous perdez point de vue, et venez nous rejoindre aussitôt que nous serons installés dans le village.
– Mais si nous abandonnons le bateau et qu’on nous le reprenne ?
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– Vous trouverez à cent pas du village un poste de dix hommes, à qui vous le remettrez.
– C’est bien, dit l’officier de marine, et d’un vigoureux coup d’aviron, il s’éloigna du rivage.
– C’est singulier, dit Henri, en se remettant en marche, voici une voix que je connais.