Les Quarante-cinq. Tome I | страница 71
– Prenez garde, dit le bourgeois, je suis excessivement timide. Qu’on me tolère, c’est tout ce que je veux ; quand j’aurai fait mes preuves, je me présenterai tout seul, comme dit le Grec, par mes faits.
– Comme il vous plaira, répondit le lieutenant de la prévôté ; attendez-moi donc ici.
Et il alla serrer la main de la plupart des promeneurs.
– Qu’attendons-nous donc encore ? demanda une voix.
– Le maître, répondit une autre voix.
En ce moment, un homme de haute taille venait d’entrer dans l’hôtel ; il avait entendu les derniers mots échangés entre les mystérieux promeneurs.
– Messieurs, dit-il, je viens en son nom.
– Ah ! c’est monsieur de Mayneville ! s’écria Poulain.
– Eh ! mais me voilà en pays de connaissance, se dit Briquet à lui-même, et en étudiant une grimace qui le défigura complètement.
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– Messieurs, nous voilà au complet ; délibérons, reprit la voix qui s’était fait entendre la première.
– Ah ! bon, dit Briquet, et de deux ; celui-ci c’est mon procureur, maître Marteau.
Et il changea de grimace avec une facilité qui prouvait combien les études physionomiques lui étaient familières.
– Montons, messieurs, fit Poulain.
M. de Mayneville passa le premier, Nicolas Poulain le suivit ; les hommes à manteaux vinrent après Nicolas Poulain, et Robert Briquet après les hommes à manteaux.
Tous montèrent les degrés d’un escalier extérieur aboutissant à une voûte.
Robert Briquet montait comme les autres, tout en murmurant :
– Mais le page, ou donc est ce diable de page ?
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XI
Encore la Ligue
Au moment où Robert Briquet montait l’escalier à la suite de tout le monde, en se donnant un air assez décent de conspirateur, il s’aperçut que Nicolas Poulain, après avoir parlé à plusieurs de ses mystérieux collègues, attendait à la porte de la voûte.
– Ce doit être pour moi, se dit Briquet.
En effet, le lieutenant de la prévôté arrêta son nouvel ami au moment même où il allait franchir le redoutable seuil.
– Vous ne m’en voudrez point, lui dit-il : mais la plupart de nos amis ne vous connaissent point et désirent prendre des informations sur vous avant de vous admettre au conseil.
– C’est trop juste, répliqua Briquet, et vous savez que ma modestie naturelle avait déjà prévu cette objection.
– Je vous rends justice, répliqua Poulain, vous êtes un homme accompli.
– Je me retire donc, poursuivit Briquet, bien heureux d’avoir vu en un soir tant de braves défenseurs de l’Union catholique.