Le vicomte de Bragelonne. Tome III | страница 27
– Et vous, Sire, dit Fouquet, fixez le jour.
– D’aujourd’hui en un mois.
– Sire, Votre Majesté n’a-t-elle rien autre chose à désirer ?
– Rien, monsieur le surintendant, sinon, d’ici là, de vous avoir près de moi le plus qu’il vous sera possible.
– Sire, j’ai l’honneur d’être de la promenade de Votre Majesté.
– Très bien ; je sors en effet, monsieur Fouquet, et voici ces dames qui vont au rendez-vous.
Le roi, à ces mots, avec toute l’ardeur, non seulement d’un jeune homme, mais d’un jeune homme amoureux se retira de la fenêtre pour prendre ses gants et sa canne que lui tendait son valet de chambre.
On entendait en dehors le piétinement des chevaux et le roulement des roues sur le sable de la cour.
Le roi descendit. Au moment où il apparut sur le perron, chacun s’arrêta. Le roi marcha droit à la jeune reine. Quant à la reine mère, toujours souffrante de plus en plus de la maladie dont elle était atteinte, elle n’avait pas voulu sortir.
Marie-Thérèse monta en carrosse avec Madame, et demanda au roi de quel côté il désirait que la promenade fût dirigée.
Le roi, qui venait de voir La Vallière, toute pâle encore des événements de la veille, monter dans une calèche avec trois de ses
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compagnes, répondit à la reine qu’il n’avait point de préférence, et qu’il serait bien partout où elle serait.
La reine commanda alors que les piqueurs tournassent vers Apremont.
Les piqueurs partirent en avant.
Le roi monta à cheval. Il suivit pendant quelques minutes la voiture de la reine et de Madame en se tenant à la portière.
Le temps s’était à peu près éclairci ; cependant une espèce de voile poussiéreux, semblable à une gaze salie, s’étendait sur toute la surface du ciel ; le soleil faisait reluire des atomes micacés dans le périple de ses rayons.
La chaleur était étouffante.
Mais, comme le roi ne paraissait pas faire attention à l’état du ciel, nul ne parut s’en inquiéter, et la promenade, selon l’ordre qui en avait été donné par la reine, fut dirigée vers Apremont.
La troupe des courtisans était bruyante et joyeuse, on voyait que chacun tendait à oublier et à faire oublier aux autres les aigres discussions de la veille.
Madame, surtout, était charmante.
En effet, Madame voyait le roi à sa portière, et, comme elle ne supposait pas qu’il fût là pour la reine, elle espérait que son prince lui était revenu.
Mais, au bout d’un quart de lieue à peu près fait sur la route, le roi, après un gracieux sourire, salua et tourna bride, laissant filer le carrosse de la reine, puis celui des premières dames d’honneur, puis