Том 3. Публицистические произведения | страница 52
Certes, s’il y a eu un fait grandement significatif dans l’histoire de ces derniers temps, c’est à coup sûr celui-ci: le lendemain du jour où la société europ<éenne> avait proclamé le suffrage universel comme l’arbitre suprême de ses destinées, c’est à la force armée, c’est à la discipline militaire qu’elle a été obligée de s’adresser pour sauver la civilisation. Or, la force armée, la discipline militaire, qu’est-ce autre chose qu’un legs, un débris, si l’on veut, du vieux monde, d’un monde depuis longtemps submergé. Et c’est pourtant en s’accrochant à ce débris-là que la société contemporaine est parvenue à se sauver du nouveau déluge qui allait l’engloutir à son tour.
Mais si la répression militaire, qui dans le système établi n’est qu’une anomalie, qu’un heureux accident, a pu, dans un moment donné, sauver la société menacée, suffit-elle pour en assurer les destinées? En un mot, l’état de siège pourra-t-il jamais devenir un système de gouvernement?..
Et puis, encore une fois, la Révolution n’est pas seulement un ennemi en chair et en os. C’est <нрзб.> plus qu’un Principe. C’est un Esprit, une Intelligence, et pour le vaincre il faudrait savoir le conjurer.
Je sais bien que les derniers événements ont jeté dans tous les esprits d’immenses doutes et d’immenses désenchantements et que bien des enfants de la génération actuelle ont révoqué en doute la sagesse révolutionnaire de leurs pères. On a touché au doigt l’inanité des résultats obtenus. Mais si des illusions, qu’on pourrait déjà qualifier de séculaires ont été emportées par la dernière tempête, nulle foi ne les a remplacées… Le doute s’est creusé, et voilà tout. Car la pensée moderne peut bien batailler contre la Révolution sur telle ou telle autre de ses conséquences, le socialisme, le communisme, voire même l’athéisme, mais pour en résoudre le Principe il faudrait qu’elle se reniât elle-même. Et voilà pourquoi aussi la société occidentale, qui est l’expression de cette pensée, en se voyant acculée à l’abîme par la catastrophe de Février, a bien pu se rejeter en arrière par un mouvement instinctif, mais il lui faudrait des ailes pour franchir le précipice ou un miracle, sans précédent dans l’histoire des Sociétés humaines, pour revenir sur ses pas.
Telle est la situation actuelle du monde. Elle est, certainement, claire pour la divine Providence, mais elle est insoluble pour la raison contemporaine.
C’est sous l’empire de pareilles circonstances que les Pouvoirs publics de l’Occident sont appelés à régir la Société, à la raffermir, à la rasseoir sur ses bases, et ils sont tenus à travailler à cette œuvre avec les instruments qu’ils ont reçus des mains de la Révolution et qui ont été fabriqués pour son usage.