Том 3. Публицистические произведения | страница 51



humain, cette molécule constitutive de la démocratie moderne, ne se prendrait-il pour l’objet de son idolâtrie, et puisque, de compte fait, il n’est tenu à reconnaître d’autre autorité que la sienne et qui prétendez-vous qu’il adore si ce n’est lui-même? S’il ne le faisait pas, ce serait, ma foi, <нрзб.> modestie de sa part.

Reconnaissons-le donc, la Révolution, variée à l’infini dans ses degrés et ses manifestations, est une et identique dans son principe, et c’est de ce principe, il faut bien l’avouer, qu’est sortie la civilisation actuelle de l’Occident.

Nous ne nous dissimulons pas l’immense portée de cet aveu. Nous savons fort bien que c’est le fait que nous venons d’énoncer qui imprime à la dernière catastrophe européenne le cachet d’une époque tragique entre toutes les époques de l’histoire du monde. Nous assistons, très probablement, à la banqueroute d’une civilisation toute entière…

En effet, voilà depuis mainte et mainte générations que nous vous voyons, hommes de l’Occident, tous occupés, peuples et gouvernements, riches et pauvres, les doctes et les ignorants, les philosophes et les gens du monde, tous occupés à lire en commun dans le même livre, dans le livre de la raison humaine émancipée, lorsqu’en février de l’année 1848 une fantaisie subite est venue à quelques-uns d’entre vous, les plus impatients, les plus aventureux, de retourner la dernière page du livre et d’y lire la terrible révélation que vous savez… Maintenant on a beau se récrier, se gendarmer contre les téméraires. Comment faire, hélas, que ce qui a été lu, n’ait pas été lu… Réussira-t-on à sceller cette formidable dernière page? Là est le problème.

Je sais bien que dans les sociétés humaines tout n’est pas doctrine ou principe, qu’indépendamment des uns et des autres il y a les intérêts matériels qui suffisent ou à peu près, dans les temps ordinaires, à assurer leur marche, il y a, comme dans tout organisme vivant, l’instinct de la conservation, qui peut pendant quelque temps lutter énergiquement contre une destruction imminente. Mais l’instinct de la conservation qui n’a jamais pu sauver une armée battue, pourrait-il à la longue protéger efficacement une société en déroute?

Pour cette fois encore les Pouvoirs publics et la société à leur suite ont repoussé, il est vrai, le dernier assaut que leur a livré la Révolution. Mais est-ce bien avec ses propres forces, est-ce bien avec ses armes légitimes que la civilisation moderne, que la civilisation libérale de l’Occident, s’est protégée et défendue contre ses agresseurs?