Том 3. Публицистические произведения | страница 16



Avant que l’Europe occidentale ne se fût constituée, nous existions déjà et certes nous existions glorieusement. Toute la différence c’est qu’alors on nous appelait l’Empire d’Orient, l’Eglise d’Orient; ce que nous étions alors, nous le sommes encore.

Qu’est-ce que l’Empire d’Orient? C’est la transmission légitime et directe du pouvoir suprême du pouvoir des Césars. C’est la souveraineté pleine et entière, ne relevant pas, n’émanant pas, comme les pouvoirs de l’Occident, d’une autorité extérieure quelle qu’elle puisse être, portant son principe d’autorité en elle-même, mais réglée, contenue et sanctifiée par le Christianisme.

Qu’est-ce que l’Eglise d’Orient? C’est l’Eglise universelle.

Voilà les deux seules questions sur lesquelles doit rouler toute polémique sérieuse entre l’Occident et nous. Tout le reste n’est que du verbiage. Plus nous nous serons pénétrés de ces deux questions et plus nous serons forts vis-à-vis de notre adversaire. Plus nous serons nous-mêmes. A bien considérer les choses, la lutte entre l’Occident et nous n’a jamais cessé. Il n’y a pas même eu de trêve, il n’y a eu que des intermittences de combat. Maintenant, à quoi bon se le dissimuler? Cette lutte est sur le point de se rallumer plus ardente que jamais et cette fois encore comme autrefois, comme toujours, c’est l’Eglise de Rome, l’Eglise latine qui est à l’avant-garde de l’ennemi.

Eh bien, acceptons le combat, franchement, résolument. Qu’en face de Rome l’Eglise d’Orient n’oublie pas un seul instant qu’elle est l’héritière légitime de l’Eglise universelle.

A toutes les attaques de Rome, à toutes ses hostilités, nous n’avons qu’une arme à opposer, mais elle est terrible: c’est son histoire, c’est l’histoire de son passé. Qu’a fait Rome? Comment a-t-elle acquis le pouvoir qu’elle s’est arrogé? Par une usurpation flagrante des droits, des attributions de l’Eglise universelle.

Comment a-t-elle cherché à justifier cette usurpation? Par la nécessité de maintenir l’unité de la foi. Et pour arriver à ce résultat, elle ne s’est refusé aucun moyen, ni la violence, ni la ruse, ni les bûchers, ni les Jésuites. Pour maintenir l’unité de la foi elle n’a pas craint de dénaturer le Christianisme. Eh bien, où en est depuis trois siècles l’unité de la foi dans l’Eglise occidentale? Rome il y a trois siècles a livré la moitié de l’Europe à l’hérésie et l’hérésie l’a livrée à l’incrédulité. Tel est le fruit que le monde chrétien a recueilli de cette dictature de plusieurs siècles que le siège de Rome s’est arrogée sur l’Eglise au mépris des conciles. Il n’a pas craint de se mettre en rébellion contre l’Eglise universelle; d’autres n’ont pas hésité à se révolter contre lui. Ceci n’est que de la justice Providentielle qui est au fond de toutes les choses du monde.