Том 3. Публицистические произведения | страница 11
Maintenant, si de ces questions de l’intérieur nous passions à la situation du dehors, vous parlerai-je, monsieur, de la révolution de Juillet et des conséquences probables qu’elle devait avoir pour votre patrie et qu’elle n’a pas eues? Ai-je besoin de vous dire que le principe de cette explosion, que l’âme même de ce mouvement c’était avant tout le besoin d’une revanche éclatante contre l’Europe, et principalement contre vous, c’était l’irrésistible besoin de ressaisir cette prépondérance de l’Occident, dont la France avait si longtemps joui et qu’elle voyait avec dépit fixée depuis trente ans dans vos mains? Je rends assurément toute justice au roi des Français, j’admire son habileté, je souhaite une longue vie à lui et à son système… Mais que serait-il arrivé, monsieur, si, chaque fois que le gouvernement français a essayé depuis 1835 de porter ses regards par-dessus l’horizon de l’Allemagne, il n’avait pas constamment rencontré sur le trône de Russie la même attitude ferme et décidée, la même réserve, la même froideur, et surtout la même fidélité à toute épreuve, aux alliances établies, aux engagements contractés? S’il avait pu surprendre un seul instant de doute, d’hésitation, ne pensez-vous pas que le Napoléon de la paix lui-même se serait finalement lassé de retenir toujours cette France, frémissante sous sa main, et qu’il l’aurait laissée aller?.. Et que serait-ce, s’il avait pu compter sur de la connivence?..
Monsieur, je me trouvais en Allemagne à l’époque où M. Thiers, cédant à une impulsion pour ainsi dire instinctive, se disposait à faire ce qui lui paraissait la chose du monde la plus simple et la plus naturelle, c’est-à-dire à se venger sur l’Allemagne des échecs de sa diplomatie en Orient; j’ai été témoin de cette explosion, de la colère vraiment nationale que cette naïve insolence avait provoquée parmi vous, et je me félicite de l’avoir vue; depuis j’ai toujours entendu avec beaucoup de plaisir chanter le Rheinlied. Mais, monsieur, comment se fait-il que votre presse politique qui sait tout, qui sait par exemple le chiffre exact de tous les coups de poing qui s’échangent sur la frontière de Prusse entre les douaniers russes et les contrebandiers prussiens, comment, dis-je, n’a-t-elle pas su ce qui s’est passé à cette époque entre les cours d’Allemagne et la Russie? Comment n’a-t-elle pas su, ou ne vous a-t-elle pas informé qu’à la première démonstration d’hostilité de la part de la France, 80 000 hommes de troupes russes devaient marcher au secours de votre indépendance menacée, et que 200 000 hommes les auraient suivis dans les six semaines? Eh bien, monsieur, cette circonstance n’est pas restée ignorée à Paris, et peut-être penserez-vous comme moi, quel que soit d’ailleurs le cas que je fasse du