Réflexions ou sentences et maximes morales | страница 26
La vanité nous fait faire plus de choses contre notre goût que la raison.
Il y a de méchantes qualités qui font de grands talents.
On ne souhaite jamais ardemment ce qu’on ne souhaite que par raison.
Toutes nos qualités sont incertaines et douteuses en bien comme en mal, et elles sont presque toutes à la merci des occasions.
Dans les premières passions les femmes aiment l’amant, et dans les autres elles aiment l’amour.
L’orgueil a ses bizarreries, comme les autres passions; on a honte d’avouer que l’on ait de la jalousie, et on se fait honneur d’en avoir eu, et d’être capable d’en avoir.
Quelque rare que soit le véritable amour, il l’est encore moins que la véritable amitié.
Il y a peu de femmes dont le mérite dure plus que la beauté.
L’envie d’être plaint, ou d’être admiré, fait souvent la plus grande partie de notre confiance.
Notre envie dure toujours plus longtemps que le bonheur de ceux que nous envions.
La même fermeté qui sert à résister à l’amour sert aussi à le rendre violent et durable, et les personnes faibles qui sont toujours agitées des passions n’en sont presque jamais véritablement remplies.
L’imagination ne saurait inventer tant de diverses contrariétés qu’il y en a naturellement dans le cœur de chaque personne.
Il n’y a que les personnes qui ont de la fermeté qui puissent avoir une véritable douceur; celles qui paraissent douces n’ont d’ordinaire que de la faiblesse, qui se convertit aisément en aigreur.
La timidité est un défaut dont il est dangereux de reprendre les personnes qu’on en veut corriger.
Rien n’est plus rare que la véritable bonté; ceux mêmes qui croient en avoir n’ont d’ordinaire que de la complaisance ou de la faiblesse.
L’esprit s’attache par paresse et par constance à ce qui lui est facile ou agréable; cette habitude met toujours des bornes à nos connaissances, et jamais personne ne s’est donné la peine d’étendre et de conduire son esprit aussi loin qu’il pourrait aller.
On est d’ordinaire plus médisant par vanité que par malice.
Quand on a le cœur encore agité par les restes d’une passion, on est plus près d’en prendre une nouvelle que quand on est entièrement guéri.
Ceux qui ont eu de grandes passions se trouvent toute leur vie heureux, et malheureux, d’en être guéris.
Il y a encore plus de gens sans intérêt que sans envie.
Nous avons plus de paresse dans l’esprit que dans le corps.