Réflexions ou sentences et maximes morales | страница 18
Il y a des affaires et des maladies que les remèdes aigrissent en certains temps; et la grande habileté consiste à connaître quand _il est dangereux d’en user.
La simplicité affectée est une imposture délicate.
Il y a plus de défauts dans l’humeur que dans l’esprit.
Le mérite des hommes a sa saison aussi bien que les fruits.
On peut dire de l’humeur des hommes, comme de la plupart des bâtiments, qu’elle a diverses faces, les unes agréables, et les autres désagréables.
La modération ne peut avoir le mérite de combattre l’ambition et de la soumettre: elles ne se trouvent jamais ensemble. La modération est la langueur et la paresse de l’âme, comme l’ambition en est l’activité et l’ardeur.
Nous aimons toujours ceux qui nous admirent; et nous n’aimons pas toujours ceux que nous admirons.
Il s’en faut bien que nous ne connaissions toutes nos volontés.
Il est difficile d’aimer ceux que nous n’estimons point; mais il ne l’est pas moins d’aimer ceux que nous estimons beaucoup plus que nous.
Les humeurs du corps ont un cours ordinaire et réglé, qui meut et qui tourne imperceptiblement notre volonté; elles roulent ensemble et exercent successivement un empire secret en nous: de sorte qu’elles ont une part considérable à toutes nos actions, sans que nous le puissions connaître.
La reconnaissance de la plupart des hommes n’est qu’une secrète envie de recevoir de plus grands bienfaits.
Presque tout le monde prend plaisir à s’acquitter des petites obligations; beaucoup de gens ont de la reconnaissance pour les médiocres; mais il n’y a quasi personne qui n’ait de l’ingratitude pour les grandes.
Il y a des folies qui se prennent comme les maladies contagieuses.
Assez de gens méprisent le bien, mais peu savent le donner.
Ce n’est d’ordinaire que dans de petits intérêts où nous prenons le hasard de ne pas croire aux apparences.
Quelque bien qu’on nous dise de nous, on ne nous apprend rien de nouveau.
Nous pardonnons souvent à ceux qui nous ennuient, mais nous ne pouvons pardonner à ceux que nous ennuyons.
L’intérêt que l’on accuse de tous nos crimes mérite souvent d’être loué de nos bonnes actions.
On ne trouve guère d’ingrats tant qu’on est en état de faire du bien.
Il est aussi honnête d’être glorieux avec soi-même qu’il est ridicule de l’être avec les autres.
On a fait une vertu de la modération pour borner l’ambition des grands hommes, et pour consoler les gens médiocres de leur peu de fortune, et de leur peu de mérite.