Réflexions ou sentences et maximes morales | страница 12
L’honnêteté des femmes est souvent l’amour de leur réputation et de leur repos.
C’est être véritablement honnête homme que de vouloir être toujours exposé à la vue des honnêtes gens.
La folie nous suit dans tous les temps de la vie. Si quelqu’un paraît sage, c’est seulement parce que ses folies sont proportionnées à son âge et à sa fortune.
Il y a des gens niais qui se connaissent, et qui emploient habilement leur niaiserie.
Qui vit sans folie n’est pas si sage qu’il croit.
En vieillissant on devient plus fou, et plus sage.
Il y a des gens qui ressemblent aux vaudevilles, qu’on ne chante qu’un certain temps.
La plupart des gens ne jugent des hommes que par la vogue qu’ils ont, ou par leur fortune.
L’amour de la gloire, la crainte de la honte, le dessein de faire fortune, le désir de rendre notre vie commode et agréable, et l’envie d’abaisser les autres, sont souvent les causes de cette valeur si célèbre parmi les hommes.
La valeur est dans les simples soldats un métier périlleux qu’ils ont pris pour gagner leur vie.
La parfaite valeur et la poltronnerie complète sont deux extrémités où l’on arrive rarement. L’espace qui est entre-deux est vaste, et contient toutes les autres espèces de courage: il n’y a pas moins de différence entre elles qu’entre les visages et les humeurs. Il y a des hommes qui s’exposent volontiers au commencement d’une action, et qui se relâchent et se rebutent aisément par sa durée. Il y en a qui sont contents quand ils ont satisfait à l’honneur du monde, et qui font fort peu de chose au-delà. On en voit qui ne sont pas toujours également maîtres de leur peur. D’autres se laissent quelquefois entraîner à des terreurs générales. D’autres vont à la charge parce qu’ils n’osent demeurer dans leurs postes. Il s’en trouve à qui l’habitude des moindres périls affermit le courage et les prépare à s’exposer à de plus grands. Il y en a qui sont braves à coups d’épée, et qui craignent les coups de mousquet; d’autres sont assurés aux coups de mousquet, et appréhendent de se battre à coups d’épée. Tous ces courages de différentes espèces conviennent en ce que la nuit augmentant la crainte et cachant les bonnes et les mauvaises actions, elle donne la liberté de se ménager. Il y a encore un autre ménagement plus général; car on ne voit point d’homme qui fasse tout ce qu’il serait capable de faire dans une occasion s’il était assuré d’en revenir. De sorte qu’il est visible que la crainte de la mort ôte quelque chose de la valeur.