ПСС. Том 74. Письма, 1903 г. | страница 11
De ce point de vue il est clair que quand je combats les églises, les gouvernements, la science, l’art, — ce n’est pas pour le plaisir de combattre, ni à cause de ce que je ne comprends pas l’importance qu’y attachent les hommes, mais uniquement parce que, trouvant ces choses le plus souvent contraires à l’accomplissement de la volonté de Dieu qui est l’établissement du royaume de Dieu sur la terre, je ne puis ne pas les rejetter.
Pour ceux qui ne jugent les choses qu’objectivement, d’après les observations et les raisonnements, l’existence des églises, de la science, de l’art, surtout des gouvernements doit leur paraître indispensable et même inévitable. Mais pour celui qui comme moi connait la certitude intérieure, dérivée de la conscience religieuse, tous ces raisonnements et toutes ces observations n’ont pas le moindre poids quand elles sont en contradiction avec la certitude de la conscience religieuse.
Je ne suis ni réformateur, ni philosophe, ni apôtre, — mais le moindre des mérites que je puis m’attribuer et que je m’attribue, — c’est d’être logique et conséquent.
Les reproches qu’on me fait en envisageant mes idées du point de vue objectif, c’est-à-dire de leur application à la vie du monde, ressemblent aux reproches qu’on aurait faits à un agriculteur qui, ayant labouré et ensemencé son blé sur un endroit où il y avait des arbrisseaux, de l’herbe, des fleurs et de jolis sentiers, n’aurait pris garde à toutes ces choses. Ces reproches sont justes du point de vue de ceux qui aiment les arbres, la verdure, les fleurs, les jolis sentiers, — mais ils sont tout à fait faux du point de vue de l’agriculteur qui laboure et ensemence son champ pour se nourrir.
L’agriculteur est parfaitement conséquent et logique et ne peut pas ne pas l’être, parce qu’en faisant ce qu’il fait, il le fait en vue d’un but bien précis et clair, — celui de nourrir son corps. Ne faisant pas ce qu’il fait, il s’exposerait à mourir de faim.
De même pour moi. Je ne puis ne pas être conséquent et logique, parce qu’en faisant ce que je fais, je poursuis un but précis et clair, — celui de me nourrir spirituellement. Ne faisant pas ce que je fais, je m’exposerais à mourir spirituellement.
Léon Tolstoy.
16 января 1903.
Ясная Поляна.
Милостивый государь,
Я получил ваше письмо, так же как и вашу статью, которую прочел с большим вниманием.
Я сожалею, что не могу вам сказать, чтобы суждение наше о моих писаниях было бы вполне правильно. Вы осыпаете меня восхвалениями и в то же время упрекаете в странных пробелах в моих рассуждениях и даже в отсутствии какой-либо основы.