Онтология поэтического слова Артюра Рембо | страница 73



dorades
Du flot bleu, ces poissons d’or, ces
poissons chantants.
– Des écumes de fleurs ont bercé mes
dérades,
Et d’ineffables vents
m’ont ailé par instants.
Parfois, martyr lassé des pôles
et des zones,
La mer dont le sanglot faisait mon
roulis doux
Montait vers moi ses fleurs d’ombre
aux ventouses jaunes
Et je restais, ainsi qu’une femme
à genoux…
Presque île, ballottant sur mes bords les
querelles
Et les fientes d’oiseaux clabaudeurs aux
yenx blonds.
Et je voguais, lorsqu’à travers mes liens
frêles
Des noyés descendaient dormir,
à reculons!
Or moi, bateau perdu sous les cheveux
des anses,
Jeté par l’ouragan dans l’éther
sans oiseau,
Moi dont les Monitors et les voiliers
des Hanses
N’auraient pas repêché la carcasse ivre
d’eau;
Libre, fumant, monté de brumes
violettes,
Moi qui trouais le ciel rougeoyant
comme un mur
Qui porte, confiture exquise aux bons
poètes,
Des lichens de soleil et des morves
d’azur;
Qui courais, taché de lunules
électriques,
Planche folle, escorté
des hippocampes noirs,
Quand les juillets faisaient crouler
à coups de triques
Les cieux ultramarins aux ardents
entonnoirs;
Moi qui tremblais, sentant geindre
à cinquante lieues
Le rut des Béhémots et les Maelstroms
épais,
Fileur éternel des immobilités bleues,
Je regrette l’Europe aux anciens
parapets!
J’ai vu des archipels sidéraux!
et des îles
Dont les cieux délsirants sont ouverts
au vogueur:
– Est-ce en ces nuits sans fonds que tu
dors et t’exiles,
Million d’oiseaux d’or, ô future
Vigueur?
Mais, vrai, j’ai trop pleuré! Les Aubes
sont navrantes.
Toute lune est atroce et tout soleil
amer:
L’âcre amour m’a gonflé de torpeurs
enivrantes.
О que ma quille éclate!
О que j’aille à la mer!
Si je désire une eau d’Europe, c’est la
flache
Noir et froide où vers le crepuscule
embaumé
Un enfant accroupi plein de tristesses,
lâche
Un bateau frêle comme un papillon
de mai.
Je ne puis plus, baigné de vos
langueurs, о lames,
Enlever leur sillage aux porteurs
de cotons,
Ni traverser l’orgueil des drapeaux
et des flammes,
Ni nager sous les yeux horribles 
des pontons.

КОРАБЛЬ ПЬЯНЫЙ

Лишь только я пустился по Рекам
бесстрастным,
Я не чувствовал себя более
управляемым бурлаками:
Краснокожими крикливыми они были
взяты для мишеней,
Пригвождённые нагими к столбам
раскрашенным.
Я был равнодушен к любым
снаряжениям,
Носитель ли пшеницы фламандской
или хлопка английского.
Когда с моими бурлаками были
закончены эти разборки,
Реки мне предоставили спускаться,
где я хотел.
В плесках яростных приливов и отливов,
Я иною зимой более глухой, чем мозги