Том 4. Письма, 1820-1849 | страница 6

Vous me pardonnerez assurément, mon Prince, de vous entretenir ainsi de la bienveillance dont vous m’avez jadis honoré. On pardonne bien aux femmes de rappeler avec délices le temps où elles étaient jeunes, c<’est>-à-d où elles étaient aimées. Eh bien, votre présence à Munich a été l’âge d’or de mon séjour dans cette ville. Je l’ai cruellement expié depuis. Voilà près de deux ans, que je n’ai pu avoir de vous que des nouvelles très indirectes, très incomplètes et qui ne faisaient qu’irriter l’incertitude où je me trouvais à votre égard. Les absents ont tort, sans doute, et avec vous plus qu’avec tout autre; car on a toujours tort, quand on n’est pas heureux.

Je ne sais si cette lettre vous parviendra, j’ose encore moins espérer d’avoir une réponse. En tout cas, il me suffit déjà que vous sachiez qu’il y a, dans un coin du monde, un être qui vous est dévoué de cœur et d’âme, un fidèle, qui vous chérit et vous sert, en esprit et en vérité, et qui, pour prix de toutes ses peines et ses tribulations, n’a pas même d’espoir fondé de revoir un jour son maître bien-aimé. Si les mânes peuvent aimer, je crois qu’ils aiment de cette manière.

Enfin, mort ou vivant, veuillez croire, mon Prince, que je ne cesserai d’avoir pour vous les sentiments du plus tendre respect et d’un inviolable attachement, avec lesquels j’ai l’honneur d’être,

mon Prince, votre très humble et très obéissant serviteur

Tutchef.

P. S. Le Bon de Hornstein^>* se joint à moi pour vous offrir ses hommages. Après moi, c’est certainement l’homme au monde qui vous aime le plus. Nous nous voyons très souvent, et, s’il est vrai que l’esprit du Maître est partout, où deux fidèles sont réunis en Son nom^>*, il faut nécessairement, mon Prince, que vous daigniez quelquefois songer à nous.

Мюнхен. 16/28 декабря 1824

Любезный князь,

Только полная уверенность в вашей неисчерпаемой благосклонности позволила мне осмелиться докучать вам своим письмом. По правде говоря, я бы мог найти для себя достаточное оправдание в моей глубоко искренней преданности вам. Вам известно, любезный князь, что настоящая преданность имеет некое непреходящее значение, можно сказать, не зависимое от того, кто ее испытывает, и вы можете ничуть не сомневаться в моей преданности, если только еще помните о ней.

В самом деле, мало есть на свете людей, чувствам коих можно верить настолько, чтобы надеяться, будто после двух лет разлуки, несмотря на все перемены, неизбежно вызванные временем, ваша взаимная привязанность с ними осталась прежней. Такая вера, осмелюсь сказать, сродни истинному преклонению. Оно принадлежит только Богу и тем кротким душам, которые (не вопреки учению о Божественном праве будь сказано) одни наследуют нашу бедную землю