Письма к Лермонтову | страница 2



Vous ferez bien de m’envoyer comme vous le dites, tout ce que vous avez écrit jusqu’à présent; vous êtes bien sûr que je garderai fidèlement ce dépôt, que vous serez enchanté de retrouver un jour. Si vous continuez d’écrire, ne le faites jamais à l’école, et n’en faites rien voir à vos compagnons, car quelque fois la chose la plus innocente occasionne notre perte. Je ne comprends pas, pourquoi vous recevez si rarement de mes lettres? Je vous assure que je ne fais pas la paresseuse, et que je vous écris souvent et longuement. Votre service ne m’empêchera pas de vous écrire comme à l’ordinaire, et j’adresserai toujours mes lettres à leur encienne adresse; dites-moi, ne faudrait-il pas que je les mette au nom de grand’maman.

J’espère, que parce que vous serez à l’école, ce ne sera pas un empêchement pour que vous m’écriviez de votre côté; si vous n’aurez pas le temps de le faire chaque semaine, eh bien! dans deux semaines une fois; mais je vous en prie, n’allez pas me priver de cette consolation.

Courage, mon cher, courage! ne vous laissez pas abattre par un mécompte, ne désespérez pas, croyez-moi que tout ira bien. Ce ne sont pas des phrases de consolation que je vous offre là, non, pas du tout; mais il у a un je ne sais quoi, qui me dit que tout ira bien. Il est vrai que maintenant nous ne nous verrons pas avant deux ans; j’en suis vraiment désolée pour moi, mais… pas pour vous, cela vous fera du bien, peut-être. Dans deux ans on a le temps de guérir et de devenir tout-à-fait raisonnable.

Croyez-moi, je n’ai pas perdu l’habitude de vous deviner, mais que voulez-vous que je vous dise? Elle se porte bien, paraît assez gaie, du reste sa vie est tellement uniforme, qu’on n’a pas beaucoup à dire sur son compte; c’est aujourd’hui comme hier. Je crois que vous n’êtes pas tout-à-fait fâché de savoir, qu’elle mène ce genre de vie, car elle est à l’abri de toute épreuve; mais pour mon compte, je lui voudrais un peu de distraction, car, qu’est-ce que c’est que cette jeune personne dandinant d’une chambre à l’autre, à quoi une vie comme celle-là mènera-t-elle? à devenir un être nul, et voilà tout. Eh bien! Vous ai-je deviné? est-ce là le plaisir que vous attendiez de moi?

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Il ne me reste tout juste de place, que pour dire adieu à mon gentil hussard. Comme j’aurais voulu vous voir avec votre uniforme et vos moustaches. Adieu, mes sœurs et mon frère vous saluent. Mes respects à grand’maman.