Русское общество в Париже | страница 38




Но вдруг к Габриель приехала из Лиона ее младшая сестра Анет, прехорошенькая девочка лет шестнадцати. Как там относился мой земляк к Анете — я не знаю; но они ходили обедать втроем, по вечерам сидели втроем, и жила Анета у них в той же комнате: диванчик там был — ну и довольно. Только на пятый или шестой день по приезде Анеты мой земляк получает по городской почте письмо, и письмо, как вы сейчас увидите, весьма горячее. Дело было часов в 12 дня. Письмо получено при Габриель, но без Анеты, которая в этот день с утра пошла к своей тетке.


Вот что прочел мой земляк в полученном им письме:

Vendredi 10 heures du soir.


Comme je suis triste, mon Dieu! Ami, ce n'est pourtant que depuis trois jours seulement, que je ne vous ai pas vu, et il me semble qu'il у a un siècle que je ne vous ai vu! L'idée, que vous êtes si loin de moi, me fait trouver le temps si long, que je ne garde qu'un vague souvenir de notre relation. Je vous ai connu si peu de temps, que je doute fort que réellement il puisse éxister une vraie et durable amitié entre nos deux coeurs, non, que je vous oublie; mais vous?.. pour le moment vous pensez à moi, mais d'autres relations, le changement des femmes, les nouvelles diversions de vos études, tout cela vous fera bien vite oublier la pauvre N….. Je ne vous en fais pas de reproche, vous avez déja trop fait pour moi. Enfin je ne sais quel est le sort qui m'attend — je suis toute prète à m'y soummettre. Pensez seulement, ami que vous m'avez promis de me rappeler près de vous, que cela soit le plustôt possible, vous me verrez toujours prète à votre voix.

Je suis sûre que vous vous demandez, si j'ai de l'amour pour vous? Je l'ignore je ne sais si le sentiment que j'éprouve pour vous pourrait s'appeler de l'amour, mais je ressentais une grande affection pour vous qui s'augmentait de jour en jour. Vous si bon, si expansif, comment ne pas vous aimer, ah! comme une femme doit être heureuse avec vous! Prenez moi, ami, je vous en prie, je serai si gentille que vous ne vous en repentirez pas, je vous aimerai tant…

C'est drôle tout de mème, je crois, Dieu me pardonne, que maintenant je suis amoureuse de vous. Je me rends bien compte maintenant pourquoi j'était avec vous d'un caractère toujours inégal, — c'est que je vous craignais et vous respectais; l'idée que je m'étais faite que je ne serai jamais votre maîtresse m'avait fait vous considerer comme mon ange tutélaire, — ah! si vous saviez comme je me faisais de douces ullusions!.. presque toute ma poèsie de mes 16 ans m'était revenue… réves et chimères que tout cela!..