Дневник | страница 2




  <Суббота> 23 июня. <1828>

  Папинька приехал из города вчера вечером очень поздно. Сего дня я встала и, позавтрыкавши, услышала голос брата Алексея, которой болен душевно и телесно9, и живет у нас с некоторых пор. Он звал меня, я пошла к нему; он вручил мне письмо, писанное им к Папиньке. Он хочет вступить в военную службу, он прав, я сама ему то советываю... нет, не советываю, а соглашаюсь на его доказательства и повторяю, ты прав. Но хотя честь есть для меня превыше всего в мире, я не знаю, что делается со мной, когда я подумаю, что может быть мое согласие погубит его, что может быть я лишусь брата, но нет, Бог милостив, Он не захочет погубить целое семейство. Ах, как тяжело решиться на такое дело, где не можно отвечать за последствия. Но все он прав, потому что жизнь пустая и без занятий также убьет его10.


  De colline en colline en vain portant ma vue

  Du sud a l'Aquillon, de l'Aurore au couchant

  Je parcours tous les points de l'immense etendue

  Et je dis: nulle part le bonheur ne m'attend.

  Que me font ces vallons, ces palais, ces chaumieres --

  Vains objets, dont pour moi le charme est envole;

  Fleuves, rochers, forets, solitude si chere --

   Un seul etre vous manque et tout est depeuple.

  . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

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  Quand je pourrais le suivre en sa vaste carriere

  Mes yeux verraient le vide et les deserts

  Je ne desire rien de tout ce qu'il eclaire

  Je ne demande rien a l'immense univers


  Mais peut etre au-dela des bornes de la sphere

  Lieux ou le vrai soleil eclaire d'autres cieux

  Si je pouvais laisser ma depouille a la terre

  Ce que j'ai tant reve paraitrait a mes yeux.

  La je m'enivrerais a la Source ou j'aspire

  La je retrouvrais et l'espoir et l'amour.

  Et ce bien ideal que toute ame desire.

  Et qui n'a pas de nom aux terres du sejour.

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  Quand la feuille des bois tombe dans la prairie,

  Le vent du soir se lnve et l'arrache aux vallons;

  Et moi, je suis semblable a la feuille flfltrie,

  Emportez-moi, comme elle, orageux Aquillon.


                                             L'isolement.

                                             Lamartine.


  "Nulle part le bonheur ne m'attend!" Voila la vie de ceux qui ont trop senti dans leur jeunesse, voila la vie de celle, dont la main trace ces lignes. A peine a l'age de vingt ans, et elle a cesse deja de jouir. Sans un seul vrai malheur et sentant avec toute la chaleur d'une ame enthousiaste tout le bonheur d'une vie passee avec des etres adores, sans avoir eprouve encore aucune rigueur du sort elle est "comme la feuille fletrie", car la raison lui a ote d'une main barbare toutes les illusions! Sans fortune, sans beaute elle attache pour un jour, pour un mois, mais jamais pour la vie. La jeunesse s'ecoule, le bonheur fuit pour ne revenir jamais! Pour voir la fortune de ses parens delabree et toute la famille au bord du precipice! L'un des freres livre a une passion indigne de lui, l'autre quittant son pays pour chercher le bonheur a la guerre et dans les camps, elle-meme renoneant a tout a quoi son coeur tenait, meme a l'esperance. Ah, pardonnez-lui alors de dire: "Emportez-moi, comme elle, orageux Aquillon!"