Vingt mille lieues sous les mers | страница 66



« Elle aboutit au canot, répondit-il.

– Quoi ! vous avez un canot ? répliquai-je, assez étonné.

– Sans doute. Une excellente embarcation, légère et insubmersible, qui sert à la promenade et à la pêche.

– Mais alors, quand vous voulez vous embarquer, vous êtes forcé de revenir à la surface de la mer ?

– Aucunement. Ce canot adhère à la partie supérieure de la coque du Nautilus, et occupe une cavité disposée pour le recevoir. Il est entièrement ponté, absolument étanche, et retenu par de solides boulons. Cette échelle conduit à un trou d’homme percé dans la coque du Nautilus, qui correspond à un trou pareil percé dans le flanc du canot. C’est par cette double ouverture que je m’introduis dans l’embarcation. On referme l’une, celle du Nautilus ; je referme l’autre, celle du canot, au moyen de vis de pression ; je largue les boulons, et l’embarcation remonte avec une prodigieuse rapidité à la surface de la mer. J’ouvre alors le panneau du pont, soigneusement clos jusque-là, je mâte, je hisse ma voile ou je prends mes avirons, et je me promène.

– Mais comment revenez-vous à bord ?

– Je ne reviens pas, monsieur Aronnax, c’est le Nautilus qui revient.

– À vos ordres ?

– À mes ordres. Un fil électrique me rattache à lui. Je lance un télégramme, et cela suffit.

– En effet, dis-je, grisé par ces merveilles, rien n’est plus simple ! »

Après avoir dépassé la cage de l’escalier qui aboutissait à la plate-forme, je vis une cabine longue de deux mètres, dans laquelle Conseil et Ned Land, enchantés de leur repas, s’occupaient à dévorer à belles dents. Puis une porte s’ouvrit sur la cuisine longue de trois mètres, située entre les vastes cambuses du bord.

Là, l’électricité, plus énergique et plus obéissante que le gaz lui-même, faisait tous les frais de la cuisson. Les fils, arrivant sous les fourneaux, communiquaient à des éponges de platine une chaleur qui se distribuait et se maintenait régulièrement. Elle chauffait également des appareils distillatoires qui, par la vaporisation, fournissaient une excellente eau potable. Auprès de cette cuisine s’ouvrait une salle de bain, confortablement disposée, et dont les robinets fournissaient l’eau froide ou l’eau chaude, à volonté.

À la cuisine succédait le poste de l’équipage, long de cinq mètres. Mais la porte en était fermée, et je ne pus voir son aménagement, qui m’eût peut-être fixé sur le nombre d’hommes nécessité par la manœuvre du Nautilus