ПСС. Том 90. Произведения, дневники, письма, 1835-1910 гг. | страница 15



Evidemment il y a une raison majeure, qui les empêche de faire ce qui leur est avantageux, ce qui les sauveraient des dangers qui les menacent et ce que leur dicte leur conscience. Dire que l’amour appliqué à la vie est une chimère! Mais alors pourquoi depuis tant de siècles les hommes se laisseraient ils tromper par ce rêve irréalisable. Il serait temps de le reconnaître. Or les hommes ne peuvent se résoudre ni à suivre dans leur vie la loi de l’amour, ni à abandonner l’idée de le faire. D’où cela vient-il? Quelle est la raison de cette contradiction qui dure depuis des siècles? Ce n’est pas que les hommes de notre temps n’aient le désir ni la possibilité de faire ce que leur dictent à la fois et leur bon sens et le danger de leur état et surtout la loi de Celui qu’ils nomment Dieu et leur conscience, mais c’est qu’ils font précisément ce que M. Zola leur conseille de faire: ils sont occupés, ils travaillent tous à un travail commencé depuis longtemps et dans lequel il est impossible de s’arrêter pour se concentrer, de réfléchir à ce qu’ils sont et ce qu’ils devraient être.

Toutes les grandes révolutions dans la vie des hommes se font dans la pensée. Qu’un changement se produise dans la pensée des hommes et l’action suivra aussi immanquablement la direction de la pensée que la barque suit la direcrion donnée par le gouvernail. Dès sa première prédication Jésus ne disait pas aux hommes: aimez vous les uns les autres (il enseigna l’amour plus tard à ses disciples), mais il disait ce que prêchait avant lui Jean Baptiste — le repentir, le μετανοείτε с. a. d. le changement de la conception de la vie p-μετανοείτε changez votre conception de la vie ou bien vous périrez tous, disait-il. Le sens de votre vie ne peut pas consister dans la poursuite de votre bien-être personnel ou de celui de votre famille ou de votre nation parce que ce bonheur ne peut être atteint qu’au détriment de celui de votre prochain. Comprenez bien que le sens de votre vie ne peut consister que dans l'accomplissement de la volonté de celui qui vous a envoyé dans cette vie et exige de vous non pas la poursuite de vos intérêts personnels mais Г accomplissement de son but à lui, de l’établissement du royaume des cieux comme le disait Jésus.

μετανοείτε, changez de manière de concevoir la vie ou bien vous périrez tous, disait-il il y a 1800 ans, et il ne cesse de le faire à présent par toutes les contradictions et tous les maux de notre temps qui proviennent tous de ce que les hommes ne l’ont pas écouté et n’ont pas accepté la conception de la vie qu’il leur proposait. μετανοείτε, disait-il, ou bien vous périrez tous. Et l’alternative est la même qu’elle l’était il y a 1800 ans. La seule différence est qu’elle est plus pressante de nos jours que du temps de Jésus. S’il était possible il y a 2000 ans du temps de l’empire Romain, même du temps de Charles Quint, même du temps d’avant la révolution et les guerres Napoléoniennes de ne pas voir la futilité, je dirai même l’absurdité des tentatives d’acquérir le bonheur personnel, de la famille, de la nation ou de l’état par la lutte contre tous ceux qui recherchent le même bonheur personnel de la famille ou de l’état, cette illusion est devenue parfaitement impossible de notre temps pour chaque homme qui s'arrêterait ne fût - ce que pour un instant dans sa besogne et réfléchirait à ce qu’il est ce qu’est le monde autour de lui et ce qu’il devrait être. De sort, que si j'étais appelé à donner un conseil unique et celui que je juge le plus utile aux hommes de notre siècle, je ne leur dirai qu’une chose: au nom de Dieu arrêtez vous pour un instant, cessez de travailler, regardez autour de vous, pensez à ce que vous êtes, ce que vous devriez être, pensez à l’idéal.